Intervention du président Charles Michel après sa rencontre avec le chancelier fédéral autrichien, Sebastian Kurz
Grüß Gott Sebastian.
Je souhaiterais pour commencer te remercier pour l'invitation à passer cette soirée avec toi, pour une réunion très intense sur différents sujets européens qui nous mobilisent. Je voudrais à mon tour te féliciter pour le bon résultat électoral et pour la négociation qui a abouti à un accord de gouvernement. Celui-ci exprime l'engagement de l'Autriche à être active sur le plan du projet européen. Et cela nous réjouit, parce qu'effectivement, on a eu l'occasion lorsque tu étais premier ministre et que je l’étais également, de coopérer déjà beaucoup. Nous nous connaissons et nous savons que nous pouvons travailler ensemble afin de faire avancer un certain nombre de priorités qui nous tiennent à cœur.
Le premier point: je partage ton ambition de travailler pour développer l'économie, pour plus d'emplois et plus d'activité. C'est la condition pour faire progresser aussi la situation sur le plan social. Je crois que l'Europe a un rôle à jouer, en développant l'agenda digital, en encourageant l'innovation, les emplois de demain, l'intelligence artificielle, le big data: ce sont des capacités pour l'Europe de produire demain davantage de valeur ajoutée.
Le changement climatique, que tu as mentionné, est aussi, de mon point de vue, un élément très structurel pour développer un plan de croissance européen qui mise sur l'innovation et la technologie. Cette forte ambition a été exprimée par le Conseil européen au mois de décembre au moment de l'annonce du European Green Deal par Ursula von der Leyen: c'est un axe majeur pour les prochaines années, parce que cette ambition de faire de l'Europe le premier continent neutre sur le plan climatique est un message très clair adressé aux universités, aux entreprises, aux chercheurs, aux petites et moyennes entreprises. C'est la responsabilité des autorités européennes de montrer quel est le cap, d'être conséquent en tentant de doter l'Europe des moyens dont on a besoin.
Ce sera aussi le cas dans le débat sur le prochain budget européen. Le Just Transition Fund est une pièce importante, parce qu'il s'agit de voir comment, de manière réaliste, avec des capacités de financement, on réussira à adapter nos infrastructures, à préparer cet avenir que l'on souhaite sur le plan du changement climatique.
Il y a sur le plan européen de très nombreux défis auxquels nous sommes confrontés. On va les aborder tout à l'heure. Il est certain que le Brexit est un sujet important. Nous respectons le choix qui a été fait par les électeurs britanniques lors de ce référendum, même si nous le regrettons. L'accord de retrait a été maintenant validé. Nous entrons dans la deuxième phase de négociation. Il est très important de garder cette unité entre les 27 pays européens, avec l'espoir de garder une relation étroite avec la Grande-Bretagne dans différents domaines: économique, commercial, sécuritaire également et géopolitique.
Et puis, il y a un dernier point que je voudrais mentionner à ce stade. C'est l'ambition commune que nous devons porter de faire en sorte que l'Union européenne exerce sur le plan international une influence politique, une influence diplomatique davantage en relation avec le poids économique et le poids politique de l'Union européenne. Nous sommes 500 millions de citoyens, des démocraties, un Etat de droit, des valeurs universelles de dignité qui sont fortes. Nous avons des valeurs à promouvoir sur le plan international. Nous avons aussi des intérêts à défendre sur le plan international, dans notre relation aux autres grandes régions du monde. C'est essentiel: être davantage acteur sur le plan international, ne pas laisser d'autres décider à notre place quel est le destin de l'Union européenne. Cela me semble être central, précisément pour prévenir des situations difficiles qu’on a connu dans le passé, avec à certains moment une Europe confrontée à des afflux très importants de migration, parfois même de migration illégale, irrégulière. Cela fait partie de notre capacité à tenter d'assumer, dans la cohésion et l'unité européenne, cette volonté de relever un certain nombre de défis. Cette question de la migration sera un des débats que nous allons mener dans les prochains mois au Conseil européen.
D'un mot, je remercie encore une fois le chancelier pour son accueil. Je me réjouis de pouvoir approfondir ce soir notre dialogue parce qu'il est très important pour moi comme pour le président du Conseil européen, d'avoir la bonne compréhension des priorités politiques des différents gouvernements européens. Je pense que cette bonne compréhension est une clé pour la confiance entre nous. Cette confiance d’un leader européen est très importante pour moi, parce que je sais que la confiance entre nous, la bonne compréhension des différentes priorités, c'est la première étape nécessaire, indispensable pour prendre des décisions ensemble.
Les dernières années, nous avons été confrontés à une Union européenne qui, très souvent, a été amenée à subir des crises: crise financière, crise budgétaire, crise migratoire, le Brexit, et je suis totalement convaincu que ce nouveau cycle institutionnel - une nouvelle Commission européenne, un nouveau Parlement européen, un nouveau Conseil européen - doit être le point de départ pour un agenda plus positif pour l'Union européenne: un agenda dans le cadre duquel nous décidons, nous leaders européens, de prendre davantage en main notre destin, de voir quelles sont les quelques priorités pour lesquelles des décisions doivent être prises dans l'intérêt des peuples européens et dans le respect des différentes sensibilités au sein des différents pays européens. Merci pour cette occasion de nous rencontrer. Merci pour le travail que nous allons mener ensemble tout au long des prochaines années. J'en suis sûr. Merci beaucoup.
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