Speech: Le Commissaire Pierre Moscovici présente les prévisions économiques de l'automne 2018

Met dank overgenomen van P. (Pierre) Moscovici i, gepubliceerd op donderdag 8 november 2018.

Bonjour à toutes et à tous. Merci d'être venus ce matin à cette présentation désormais traditionnelle de nos prévisions économiques d'automne pour 2018, 2019 et, pour la première fois, nous allons aussi parler de 2020.

Voici les cinq principaux messages de ces prévisions:

Tout d'abord, malgré le ralentissement économique actuel et un environnement international moins porteur, les fondamentaux de l'économie européenne restent solides et devraient permettre à l'activité économique de continuer à croître. La croissance atteindrait 2.1% cette année et 1.9% en 2019 tant dans la zone euro que dans l'UE dans son ensemble, il n'y a plus d'écart entre les deux. En 2020, elle ralentirait encore légèrement pour atteindre 1.7% dans la zone euro et 1.8% dans l'UE dans son ensemble. Tous les Etats Membres devraient connaître une croissance positive, ce qui est désormais, et heureusement, la norme.

Ensuite, c'est une très bonne nouvelle, l'amélioration du marché de l'emploi continue. Le niveau d'emplois touche un nouveau record historique et le chômage continue à diminuer. Cette tendance positive se traduit désormais par ce que nous attendions depuis quelque temps, des hausses de salaires plus importantes, surtout dans les Etats Membres qui ont des excédents de compte courant, ce qui était attendu et demandé. C'est donc une bonne nouvelle pour la consommation des ménages et pour la croissance, ainsi que pour le rééquilibrage de la compétitivité dans la zone euro qui faisait partie des déséquilibres que nous devions résorber et cela continue à en faire partie.

Troisièmement, l'inflation sous-jacente augmenterait , d'après nos prévisions, de façon progressive, poussée par cette hausse des salaires. L'impact des prix de l'énergie sur l'inflation, qui n'est pas à sous-estimer, serait lui largement temporaire.

Quatrièmement, l'orientation de la politique budgétaire de la zone euro dans son ensemble devrait devenir à nouveau légèrement expansionniste en 2019 avant de revenir, comme cette année, à une orientation neutre en 2020. Le déficit de la zone euro toutefois resterait nettement en dessous d'1% et la dette en général continuerait à se réduire en termes de pourcentage du PIB.

Enfin, dernier message, il faut en tenir compte, des risques importants et liés entre eux pèsent à la baisse sur nos prévisions, qui doivent donc plutôt être vues comme un point haut. Ils concernent notamment le durcissement des conditions de financement au niveau international, qui pourrait découler d'une surchauffe de l'économie américaine, je ne prends pas en compte les élections d'hier. De plus, les tensions commerciales ne sont pas encore apaisées et les effets négatifs sur le commerce international et la croissance globale pourraient être importantsen cas d'escalade, que personne ne souhaite, au-delà des Etats-Unis et de la Chine. Voilà pour les messages généraux.

Après avoir enregistré en 2017 sa plus forte croissance depuis une décennie, l'économie européenne connaît une croissance plus modérée cette année, comme confirmé par les dernières estimations publiées par Eurostat. Mais on ne doit pas perdre de vue que les fondamentaux internes restent globalement favorables. En l'absence d'éléments perturbateurs majeurs, les indicateurs suggèrent qu'à court terme la croissance économique devrait se poursuivre, même si c'est à un rythme un peu plus lent.

Plusieurs facteurs devraient soutenir la consommation privée l'année prochaine: la poursuite de l'amélioration du marché du travail, une accélération des salaires, que l'on observe déjà, et les mesures budgétaires prévues par certains Etats-Membres.

De son côté, vous le savez, la Banque Centrale Européenne a indiqué que la normalisation de la politique monétaire serait progressive, ce qui signifie que les conditions financières devraient donc demeurer suffisamment favorables pour continuer d'encourager l'investissement. Donc consommation d'un côté, investissement de l'autre, les moteurs de la demande restent largement allumés.

En même temps, des facteurs exogènes moins favorables devraient peser sur l'activité ces deux prochaines années. Le ralentissement en cours du commerce mondial, il est déjà là, affecte déjà la croissance de nos exportations avec un impact visible sur la confiance des entreprises qui pourrait peser à la baisse sur l'investissement.

Par ailleurs, des contraintes de production commencent à peser sur l'économie de certains Etats-Membres. En particulier, certains marchés du travail connaissent des situations tendues qui peuvent conduire à un ralentissement du rythme des créations d'emplois ou à des créations d'emplois moins importantes qu'elles ne pourraient l'être si cela n'était pas le cas.

L'activité économique mondiale reste solide, mais avec des taux de croissance qui divergent plus fortement selon les pays et les régions. Plus particulièrement, on doit se tourner vers certains pays émergents comme la Turquie ou l'Argentine, où se tiendra le prochain G20 dans quelques jours, ont été frappés cet été par un durcissement des conditions financières. D'autres émergents font face à des tensions géopolitiques et des incertitudes politiques internes. Notons que les Etats-Unis connaissent un développement économique fort qui bénéficie des retombées de leur stimulus budgétaire.

Au total, selon nos prévisions, qui ne sont pas très différentes de celles des autres institutions internationales, la croissance de l'économie mondiale hors UE s'établirait à 4,0% en 2018, légèrement en retrait par rapport à nos prévisions de printemps.

Pour 2019 et 2020, nous prévoyons une croissance un peu plus modeste à 3,8%. Cela reflète la détérioration des perspectives économiques dans la plupart des pays émergents. Par ailleurs, la maturation du cycle économique ainsi qu'une politique monétaire plus restrictive dans la plupart des pays avancés - hors UE - devraient peser sur leur croissance future, surtout en 2020.

Nous avons également revu à la baisse notre perspective de la dynamique du commerce international. Après une croissance exceptionnelle des importations mondiales hors UE de 5.5% en 2017, on s'attend effectivement à un léger ralentissement cette année à 4.8%, ralentissement qui se poursuivrait les années suivantes (+4.0% en 2019 et +3.7% en 2020). Vous voyez que l'impact d'un climat protectionniste se fait sentir progressivement.

S'agissant des marchés financiers, nous voyons depuis quelques mois que les investisseurs se montrent plus frileux à l'égard des actifs risqués au niveau mondial. Ce comportement est vraisemblablement dû aux tensions commerciales ainsi qu'à la hausse des taux d'intérêt qui résulte du resserrement monétaire, du 'tapering', aux Etats-Unis. On observe également un fléchissement de la confiance des entreprises, comme en témoigne la récente baisse des indices boursiers.

Les taux d'intérêts de la dette souveraine en Europe sont restés plutôt stables, à l'exception de celui de la dette italienne, qui a notamment augmenté depuis les annonces budgétaires en septembre mais qui a surtout notablement augmenté depuis quelques mois. Cependant, cette hausse reste assez modérée dans une perspective historique et n'a pas eu d'effet de contagion à d'autres pays.

S'agissant des marchés des actions, le secteur bancaire européen dans son ensemble a enregistré des performances inférieures à d'autres secteurs. Cette sous-performance n'est pas seulement due aux tensions sur la dette italienne mais aussi à d'autres facteurs tels que les chocs qu'ont récemment connus les marchés émergents ainsi que le caractère fortement cyclique des performances bancaires.

Les conditions monétaires en zone euro devraient rester accommodantes malgré les perspectives annoncées de normalisation progressive de la politique monétaire. Cette politique contraste avec celle observée aux États-Unis où la Réserve fédérale devrait poursuivre un resserrement cette année et l'année suivante, ce qui n'est pas illogique puisque les situations économiques des Etats-Unis et de l'Europe ne sont comparables et ne sont pas au même degré.

La politique monétaire en zone euro et sa transmission efficace au secteur bancaire, lequel poursuit son assainissement, devraient permettre de maintenir de faibles coûts de financement pour le secteur privé.

I switch to English and to employment to say that employment growth remains remarkably strong in Europe.

At 8.1% in September, unemployment in the euro area is at its lowest since 2008, while at 6.7% in the EU it is at its lowest since 2000. Employment both in terms of the number of people at work and working hours has continued rising steadily since the start of the year despite the slower pace of economic growth. The so-called "slack" in the labour market, as illustrated by broader measures of underemployment, such as people who work part-time not out of choice, has also reduced further.

Over the next two years, jobs are set to continue to be created although at a slower pace because of increasing labour shortages in some Member States, and of course due to the more moderate pace of economic growth.

In parallel, underemployment should continue receding gradually, with still substantial differences across Member States.

Overall, job creation in the euro area will continue, and that is good news, at a slower pace from 1.4% in 2018 to 1.0% in 2019 and 0.9% in 2020. This, combined with steady growth in the labour force, is expected to limit further declines in unemployment compared to previous years.

Euro area headline inflation rose slightly above 2% in the third quarter of this year, driven by the rise in oil prices, which are assumed to peak in the last quarter of 2018, we are still in that phase. Due to the upward revision of assumed oil prices, the forecast for headline inflation in the euro area in 2018 and 2019 has been revised up to 1.8%. It is expected to recede to 1.6% in 2020.

Core inflation, which excludes energy and unprocessed food prices, has been relatively muted so far but it is expected to reassert itself as the main driver of headline inflation in 2020. As mentioned in my introduction, this trend of rising core inflation is to a large extent driven by wages rising amid tightening labour markets.

If I turn to growth, all EU Member States are forecast to continue growing in 2019 but at a slightly slower pace than in 2018.

Among the largest EU economies, GDP growth in 2019 is expected to be at or above the EU average (of 1.9%): in Poland at 3.7%, in the Netherlands at 2.4%, as well as in Spain at 2.2%.

Growth in Germany is expected to remain strong, though slightly below the EU average at 1.8% in 2019, after 1.7% in 2018. It should be supported by robust domestic demand in a context of strong labour markets conditions and some fiscal loosening, while the external environment is becoming less supportive for German exporters.

En France, la croissance serait de 1.6% en 2019 après 1.7% en 2018. La consommation privée reprendrait de la vigueur et redeviendrait un solide moteur de croissance, compensant un certain ralentissement de l'investissement.

In Italy, the planned fiscal expansion is expected to support demand moderately in 2019. GDP is set to expand by 1.2% next year after 1.1% in 2018. I will come back to our projections for Italy later in my presentation.

In Spain, growth is expected to remain above the EU average, albeit less markedly than in the preceding years. Growth is set to reach 2.2% in 2019, the moderation compared to 2018 set to be driven by a slowdown in private consumption. Unemployment is forecast to continue declining.

In the UK, growth is expected to remain subdued, at 1.2% in 2019. Private consumption growth is forecast to remain weak as real wages grow modestly and households look to maintain savings. Heightened uncertainty means that business investment growth is likely to remain constrained. Let me remind you that this forecast is once again based on a purely technical assumption of status quo in terms of trading relations between the EU27 and the UK. We don't want to feed any kind of speculation.

The euro area's budget deficit relative to GDP is projected to continue declining this year, thanks to lower interest expenditure and economic growth. This decline is set to come to a halt in 2019 as the fiscal stance, measured by the change in the structural balance, turns slightly expansionary, before turning again broadly neutral again in 2020.

More precisely, the euro area's budget deficit is set to increase from 0.6% of GDP in 2018 to 0.8% in 2019, before falling back to 0.7% in 2020, so you see, well under 1%, based on our usual no-policy-change assumption.

Debt-to-GDP ratios are projected to continue falling, supported by debt-decreasing primary surpluses and continued economic growth.

o The euro area debt-to-GDP ratio is set to fall from 86.9% in 2018 to 82.8% in 2020.

o In the EU 28, the debt to GDP ratio is set to go from 81.4% in 2018 to 77.6% in 2020.

Now I turn to the budgetary outlook, 2019 is set to be the second year since the start of the Economic and Monetary Union in which all euro-area governments manage budget deficits of less than 3% of GDP, as mandated by the Treaty.

Within the EU, only Romania shows a deficit forecast larger than 3% of GDP in 2019.

Debt-to-GDP ratios are projected to decline in almost all EU Member States, with three exceptions: Lithuania and Romania, where they are set to increase, and Italy, where it is set to remain stable.

As regards Italy, you will see that our projections differ somewhat from those of the government, with our deficit forecast for 2019 being 2.9%, I will add that it will be 3.1% in 2020, and debt not projected to fall over the forecast period. This is largely due to our growth projections being more conservative and our spending projections being higher, in particular due to higher interest expenditure on sovereign debt. I can explain these differences more precisely in the Q&A, knowing that this is obviously a delicate point. Let me just underline that this forecast is based on the information made available to us in the Draft Budgetary Plan we received on 16 October - the situation may look different depending on what the government sends us next week in response to our opinion and we are still, as you know, expecting a revised DBP for the 13th November, this is important.

The balance of risks to the growth outlook is tilted to the downside. Interrelated external and domestic risks cast shadows over the otherwise benign economic outlook as they could amplify each other if they materialise, which is more likely to happen in 2020 than in 2019. Let me mention some of these risks:

First, overheating in the US, fuelled by pro-cyclical fiscal stimulus, could lead to policy rates rising faster than expected, with negative spillovers not only in the US, where corporate leverage is high, but also on emerging markets, which are vulnerable to changes in capital flows and also exposed to US dollar-denominated debt. The EU could suffer given its strong trade links and banks' exposure.

Second, the expected widening of the US current account deficit could exacerbate trade tensions with China, raising the risk of a disorderly adjustment there, given the high corporate debt and financial fragility. Increased trade tensions would hurt the EU, which is highly integrated in global value chains, affecting confidence and therefore investment.

Third, within the EU now, doubts about the quality and sustainability of public finances in highly indebted countries could spill over to domestic banking sectors.

Finally, risks related to the outcome of the Brexit negotiations also remain, I'm not going to expand on that.

To conclude and to sum up, the European economy is holding up well, with growth easing only gradually from the high reached last year. Unemployment, and again, this is very good news, continues to fall to levels not seen since before the crisis. Public debt in the euro area is set to continue declining, with the deficit remaining well below 1% of GDP.

But as I have set out, there are many risks weighing on this outlook, both internationally but also within Europe. And that's why it's so important that policymakers both here in Brussels and in national capitals work to ensure that the euro area is strong enough to deal with whatever the future might hold and that is why we must work until the end of this year on a comprehensive and strong Eurozone reform package.

Et maintenant je suis prêt à répondre à vos questions.

SPEECH/18/6344

 

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