Toespraak eurocommissaris Barnier: Grieks voorzitterschap biedt kansen voor economie (fr)
Commission européenne
Membre de la Commission européenne, chargé du Marché intérieur et des Services
Présidence grecque de l’UE : une chance pour la Grèce et pour l’Europe
Table ronde avec des représentants du secteur économique et financier
Athènes , le 28 novembre 2013
Chère Maria [Damanaki i],
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux de cette occasion de m’adresser à vous, en cette fin d’année 2013 qui constitue un moment de transition pour l’économie grecque , partagée entre l’espoir et la réalité.
D’un côté, il y a pour une grande partie des Grecs la réalité persistante du chômage, des baisses de salaires et de l’impossibilité à faire des projets , qu’ils auraient de toute façon le plus grand mal à financer.
De l’autre, il y a l’espoir du retour tant espéré à la croissance , qui devrait atteindre 0,6% en 2014 et 2,9% en 2015 selon les dernières prévisions de la Commission européenne.
C’est donc bientôt la fin d’une récession qui dure depuis six ans, et qui pèse toujours sur l’économie grecque, avec deux principaux points noirs :
Un problème de liquidité et de financement , d’abord, qui puise ses racines à la fois dans l’offre de crédit insuffisante de la part des banques et dans l’incapacité de nombreux emprunteurs à rembourser.
Selon l’étude rendue publique par la Banque centrale européenne 1 mi-novembre, 33% des PME grecques font état d’une nouvelle baisse de la disponibilité des prêts bancaires dans les six derniers mois .
Deuxième point noir : le chômage , qui touche 27% de la population active et même 60% des jeunes, les privant de toute perspective, y compris de la possibilité matérielle de s’installer dans la vie et de fonder une famille.
Selon une étude publiée lundi dernier 2 , ce sont 7 Grecs sur 10 qui doivent aujourd’hui puiser dans leurs économies pour parvenir à joindre les deux bouts.
La Grèce connaît donc toujours ce climat d’incertitude, de peur, parfois de colère, qui se traduit par la progression de partis populistes , comme dans d’autres pays européens.
Les sympathisants de ces partis veulent en finir avec le Mémorandum. Ils ont perdu confiance dans cette Union européenne qui est devenue synonyme d’austérité alors qu’elle représentait autrefois une promesse de développement et de prospérité .
Je comprends très bien ce sentiment, et je suis conscient des difficultés que beaucoup de Grecs rencontrent dans leur vie quotidienne .
Mais je pense qu’ il est contre-productif de rejeter la faute sur Bruxelles ou sur Berlin .
La vérité, même si elle peut être difficile à entendre, est que, depuis le début de la crise, l’Europe est aux côtés du peuple grec .
Les 240 milliards d’euros alloués à la Grèce dans le cadre des programmes de 2010 et 2012 d’éviter un effondrement général et notamment du système financier qui aurait été pire que tout pour les citoyens et les entreprises grecques.
Grâce à la recapitalisation du secteur bancaire mais aussi à ses bons fondamentaux, le pays n’a pas connu de bank run et pas un seul centime de dépôt n’a été touché. Même si je ne nie pas l'ampleur des pertes subies depuis le début de la crise
Aucune banque n'a fait faillite, contrairement à ce qui s’est passé dans beaucoup d’autres pays de l’Union.
En outre le processus de consolidation du secteur , jugé nécessaire depuis des années, est désormais en marche.
L’Europe a aussi mobilisé les fonds structurels pour la Grèce : 20,4 milliards d’euros ont bénéficié au pays entre 2007 et 2013. Et nous avons spécifiquement adapté les règles de cofinancement pour faire face à la crise. Dans le cas de la Grèce, 95% des fonds proviennent du budget européen, et 5% seulement du budget national.
J'ajoute, si vous me le permettez, que la Commission s'est mobilisée très fortement en mettant en place une Task Force dédiée à votre pays. Et nombre d'Etats membres ont mis en place des programmes spécifique d'aide technique.
La Grèce bénéficie également de l'ensemble des mesures que nous avons prises pour stabiliser et assainir le secteur financier et en particulier dans le cadre du projet d'Union bancaire. C'est la première des conditions à cette reprise indispensable du financement de l'économie que j'évoquais.
A côté de ce soutien général, nous avons pris des mesures ciblées .
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-En faveur des jeunes , que nous voulons aider à trouver un emploi ou à créer leur entreprise. Le « plan d’action pour les jeunes » qui est mis en œuvre cette année comprend un budget de 600 millions d’euros (dont 517 millions de fonds européens) qui pourrait bénéficier à 350 000 jeunes.
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-En faveur aussi des PME : avec la Banque européenne d’investissement, nous sommes en train de mettre sur pied un nouveau fond de garantie, qui pourrait être doté de 500 millions d’euros et permettrait d’aider les PME à obtenir des prêts, en sécurisant les investisseurs.
Ce soutien important de l’Union européenne vient s’ajouter aux mesures décisives qui ont été prises par la Grèce elle-même depuis quelques années .
Vos banques ont été restructurées, tout en gardant leurs bons fondamentaux : des financements largement basés sur les dépôts, des produits financiers peu risqués, une taille du secteur bancaire sans disproportion avec l’économie grecque, un niveau de capitalisation satisfaisant.
Vos finances publiques ont été consolidées , avec des résultats très significatifs, puisque le solde budgétaire primaire devrait être positif cette année, alors que le déficit primaire atteignait 15% en 2009.
La Grèce s’est hissée au 6 ème rang européen en ce qui concerne l’absorption des fonds structurels européens , ce qui permet à la fois d’injecter des liquidités dans l’économie et, à travers la relance de projets majeurs comme la construction d’autoroutes, de faire repartir l’investissement. Pour rendre cela possible, la Commission a fait un effort budgétaire sans précèdent et a revu ses règles de co-financement.
Enfin, l’excellente saison touristique a eu des effets très positifs.
Pour profiter de cette dynamique positive qui est à présent enclenchée, tirée par la reprise des exportations et de l’investissement public , il est essentiel de consolider la confiance des investisseurs dans l’économie grecque.
En poursuivant la simplification des barrières administratives , qui a déjà produits de premiers résultats.
Et en menant à bien le programme de réformes structurelles , qu’il s’agisse des privatisations, de la libéralisation de certaines professions, des réformes judiciaires, et de la modernisation du marché du travail.
La Présidence grecque de l’UE au premier semestre 2014 peut jouer un rôle clé dans ce retour de la confiance dans le pays.
Elle intervient à un moment décisif, puisqu’il s’agira de la dernière présidence utile de la mandature, ce qui donnera à la Grèce la possibilité de donner des impulsions décisives pour faire avancer l’Europe .
Pour cela, nous avons une priorité absolue : la mise en place de l’union bancaire .
Avec cette réforme, qui représente notre plus grand projet commun depuis la création de l'euro, la Présidence grecque a une chance d'écrire l'Histoire.
J’ajoute que l’union bancaire est d’un intérêt particulier en Grèce, où l’on a bien vu les conséquences d’une surexposition des banques aux dettes souveraines.
Avec l’union bancaire, notre but est précisément de casser ce cercle vicieux entre les banques et les Etats . L'objectif est de mieux protéger les contribuables et les citoyens des risques pris par les banques. Et d'affronter ces risques ensemble s'ils devaient se matérialiser et non plus en ordre dispersé comme par le passé.
En créant une supervision unique de qualité des banques de la zone euro élargie - la Banque centrale européenne assumera directement ce rôle pour environ 130 banques systémiques, dont 4 grandes banques grecques.
En mettant en place des procédures de résolution transparentes et définies à l’avance pour les banques en faillite ou proches de la faillite. C’est tout l’intérêt du Mécanisme unique de résolution, que la Commission a proposé et qui est actuellement discuté entre les Etats membres.
La crise chypriote nous a bien montré la nécessité d’aller plus loin en la matière.
La Commission a tiré les leçons de ce type d’expérience en proposant la mise en place d’un Conseil de résolution unique et d’un fonds de résolution unique, alimenté par les banques, pour éviter que les déposants et les contribuables aient à payer les conséquences de la faillite d’une banque - je rappelle par ailleurs que, grâce aux règles européennes, les dépôts sont de toute façon protégés jusqu’à 100 000 euros.
A côté de cette priorité absolue, et des autres sujets clés de la Présidence grecque - la croissance et l’emploi ; la poursuite de l'intégration de l'Union et de la zone euro ; l’immigration et la mobilité - je me réjouis de la volonté des autorités grecques de s’engager pleinement dans les deux domaines dont j’ai la charge :
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-La régulation financière : depuis bientôt quatre ans, j’ai proposé 28 textes européens pour mettre en œuvre l’intégralité de l’agenda du G20 : il faudra bien sûr suivre les dossiers au quotidien, mais la Présidence grecque devrait avoir l'occasion de conclure sur un certain nombre de textes importants, comme notre directive sur les marchés d’instruments financiers, ou la réforme du secteur de l’audit.
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-Dans le domaine du marché intérieur, aussi, la Présidence grecque peut faire la différence , en concrétisant les réformes de compétitivité de l'Acte pour le marché unique, qui sont utiles à la fois pour la Grèce et pour l'Europe. Je pense en particulier à la modernisation des marchés publics , avec notamment une simplification des règles pour permettre aux PME de remporter davantage de marchés, dans la plus grande transparence.
La Présidence grecque devrait également avoir l’occasion de conclure sur des dossiers liés à la propriété intellectuelle (directive sur la gestion collective des droits d’auteur, plan d'action sur la contrefaçon) et sur la facturation électronique qui devrait représenter, avec le passage aux marchés publics électroniques, plus de 80 milliards d'euros d’économies par an pour les administrations publiques.
Je salue aussi l’intérêt des autorités grecques pour nos initiatives sur les marques , les secrets d’affaire , le commerce électronique et la mise en œuvre du brevet unitaire européen , qui devrait diviser par sept le coût de protection de l’innovation dans toute l’Europe.
Enfin, la future Présidence a un rôle à jouer pour placer la libre circulation des services au cœur des débats . C’est un point important, à la fois pour la Grèce et pour l’Europe, où une pleine application de la directive Services pourrait nous apporter 2,6% de croissance supplémentaire d’ici à 2020.
Mesdames et Messieurs,
Toutes ces mesures visent à s’appuyer sur le marché unique pour faire naître une nouvelle croissance , plus forte mais aussi plus verte, plus innovante, plus inclusive et plus durable.
La Grèce a toute sa place dans ce nouveau marché unique , comme elle a toute sa place au sein de l’union bancaire et des futures structures d’une zone euro de plus en plus intégrée.
A partir du 1er janvier 2014, la Grèce aura un rôle de tout premier plan à jouer pour faire avancer ces réformes .
Je me réjouis de la détermination des autorités grecques à atteindre cet objectif de modernisation et de croissance. C’est une nécessité pour l’Europe. C’est aussi l’occasion de faciliter le retour de la Grèce à la normale , c’est-à-dire à une situation de croissance équilibrée, sur la base d’un secteur bancaire stable, de finances publiques consolidées, et de réformes structurelles permettant au pays de contribuer à la compétitivité de l’Europe à l’échelle mondiale.
Mais ne nous y trompons pas. Il ne s'agit là encore que de moyens. Le véritable objectif, celui du projet européen est de permettre aux citoyens de vivre en paix, de vivre dignement, de vivre mieux.
Cet idéal est mis en cause par la crise actuelle, par le niveau du chômage, la souffrance des familles, le désespoir qui en résulte bien souvent.
C'est à cela que nous devons répondre. Ici en Grèce mais aussi dans le reste de l'Europe.
Merci pour votre attention
Public Issue : http://www.publicissue.gr/en/1855/households-financial-suffocation/