Toespraak Eurocommissaris Antonio Tajani van Transport over mobiliteit en duurzame steden (en)

Met dank overgenomen van Europese Commissie (EC) i, gepubliceerd op donderdag 12 maart 2009.

Antonio Tajani

Vice President of the European Commission

Connecting Europe : Financing Mobility and Sustainable Cities

EIB FORUM 2009

Barcelona 12-13 Mars 2009

Monsieur le Président de la Catalogne

Monsieur le Président Maystadt,

Autorités,

Mesdames, Messieurs,

Mes chers amis,

C'est avec un réel plaisir que j'ai accepté de venir participer à cette conférence sur le financement d'une mobilité durable pour des villes durables, ici à Barcelone, une agglomération et une région qui possèdent tous les atouts pour relever les défis que nous nous sommes fixés ensemble au niveau communautaire.

Les villes durables et la mobilité

Permettez moi de féliciter l'initiative de la Banque Européenne d'Investissement et de son Président, d'avoir non seulement choisi le thème extrêmement pertinent du financement d'une mobilité durable pour des villes durables, mais d'avoir également eu la bonne idée de tenir cette conférence ici à Barcelone, qui outre le charme méditerranéen qu'on lui connaît, reste un exemple en matière d'urbanisme et de corrélation entre urbanisme et transport.

Il est certain qu'avec des pères fondateurs tels qu'Antoni Gaùdi et ses innovations structurelles, ou Ildefons Cerdà, et la conception vers 1850 de l’Ensanche, le réseau urbain du centre actuel de la ville - un prodige d’ordre et d’anticipation qui, plus d’un siècle et demi plus tard demeure très performant, Barcelone est non seulement bien née, mais a su se transformer au fil des années avec notamment les travaux relatifs aux jeux olympiques de 1992 et au Forum de la Culture de 2004. Je ne suis pas le seul à le penser puisque comme vous le savez la cité catalane a reçu le prix de l'Institut royal des architectes britanniques, qui pour la première fois, a honoré une ville et non un professionnel.

Si j'insiste autant sur l'importance de l'urbanisme c'est que trop souvent on a pensé séparément la construction d'une cité et son réseau de transport. Il ne s'agit pas seulement de développer des systèmes propres, efficaces et sûrs, problématiques déjà au cœur de la politique européenne en matière de transports et largement détaillées dans le Livre Vert sur la Mobilité Urbaine adopté en 2007, mais aussi - et j'ai envie de dire surtout, d'intégrer les transports aux agglomérations de manière rationnelle, cohérente, socialement équitable, économiquement viable et durable pour l'environnement. Le livre vert a lancé le débat sur bon nombre de questions-clés pour l'avenir du transport urbain qui ont trouvé un écho considérable au sein de la communauté européenne. Plus de 430 contributions sont venus alimentées notre réflexion qui, je souhaite, va aboutir à l'adoption d'un large plan d'action pour la mobilité urbaine dans les prochains mois.

J'ai déjà proposé le mois dernier plusieurs actions durant la semaine européenne de l'énergie comme (1) le lancement d'une étude sur les 'zones vertes' qui doit aider les villes à identifier les solutions adaptées à leurs besoins et renforcer la protection de l'environnement tout en permettant d'assurer la liberté de circulation des personnes, et (2) la mise en œuvre d'une autre étude portant sur les moyens de mieux intégrer les différents modes de transports dans les aires urbaines. D'autre part, je vais veiller à ce que nous publions très rapidement un site internet sur lequel les autorités publiques vont pouvoir trouver différents matériels roulants propres et efficaces afin de réapprovisionner leur flotte de transport urbain. Je souhaite également que nous commencions à préparer la prochaine édition du programme CIVITAS qui a démontré toute son efficacité dans l'application de mesures conjointes énergie et transport pour la réduction de la congestion urbaine, les économies d'énergies et l'utilisation de carburants alternatifs.

CIVITAS, ELTIS qui est le portail européen pour le transport et la mobilité urbaine sont soutenus financièrement par la Commission. 180 millions d'euros ont déjà été mis à disposition par l'Union depuis 2002 et je profite de l'occasion pour rappeler que la date limite de dépôt des demandes de contributions communautaires dans le cadre de l'appel à propositions de 5 millions d'euros est fixée à la fin du mois. Vos idées et vos projets sont les bienvenus.

Vers une mobilité durable

Si j'apprécie particulièrement le rapprochement entre mobilité durable et ville durable, c'est que l'aire urbaine reste non seulement un laboratoire macroscopique des enjeux globaux de transports mais également les points d'entrée et de sortie, de ruptures de charges des réseaux nationaux et transnationaux. Barcelone ce n'est pas seulement une ville fantastique, riche culturellement et bien organisée, c'est un pôle économique; c'est un pôle maritime avec le port connecté aux hinterlands et aux plateformes logistiques par les voies ferroviaires; et d'ailleurs c'est un pôle d'interopérabilité avec le déploiement de l'ERTMS et l'adaptation de l'écartement ferroviaire espagnol aux normes européennes; c'est un pôle intermodal avec la combinaison de tous les modes de transports et en particulier les dessertes à grande vitesse entre Barcelone et Madrid ou entre l'Espagne et la France par le biais du raccordement au projet Figueras – Perpignan. C'est pourquoi mes objectifs et mes actions pour une mobilité durable des biens et des personnes en Europe ne peuvent être dissociés de mes idées sur la réalisation de pôles urbains durables.

A l'échelle de l'Union, je vois trois leviers importants pour une politique de transport plus adaptée aux besoins et aux préoccupations de nos concitoyens. (1) D'abord, il est indispensable d'être à la pointe de l'innovation afin d'améliorer de manière significative les systèmes de transports. J'attends de la part des Etats Membres et des entreprises qu'ils continuent leurs efforts en matière de R&D afin de mettre sur le marché des véhicules plus performants et plus propres, ainsi que de proposer des solutions énergétiques alternatives notamment en matière de carburants ou de biocarburants. (2) Je souhaite ensuite que nous utilisions à son maximum le potentiel offert par les systèmes de transports intelligents, à la fois pour une meilleure utilisation des infrastructures mais aussi afin de repenser en profondeur la notion de mobilité. (3) Enfin je réitère devant vous que nos critères de décisions en matière de déplacement doivent être encore davantage guidés par une rationalité économique, sociale et environnementale. Nous construisons des systèmes et des réseaux pour rendre un service durable et viable aux usagers et nous construisons aujourd'hui pour demain.

A côté de ses objectifs, je souhaite que nous mettions en œuvre des actions concrètes, pragmatiques tout en étant ambitieuses. Je pense notamment à la Directive sur la promotion des véhicules propres et économes en énergie, à notre initiative sur les "véhicules verts" ou à la promotion et la mise en œuvre avec l'aide de la Commission de systèmes de gestion de trafic interopérables et efficaces comme ERTMS ou le programme SESAR. J'encourage également le développement de solutions en matière de co-modalité comme dans le cadre des propositions pour un réseau ferroviaire orienté fret, des programmes Marco Polo ou des autoroutes de la mer.

Les réseaux transeuropéens de transports et l'ouverture sur la Méditerranée et l'Afrique

En parlant de mobilité durable et de réalisation de projets d'intérêts européens, j'en viens naturellement à la politique du Réseau Trans-Européen de Transport et la publication du Livre Vert le 4 février dernier. J'ai formulé clairement mes attentes pour la révision de la politique du RTE-T : (1) prendre en compte la problématique énergétique et de changement climatique; (2) rationnaliser notre approche aux infrastructures de transports en étant résolument tournés vers les services rendus aux usagers; (3) assurer la cohésion de l'espace européen et enfin - et c'est une chose qui me tient particulièrement à cœur (4) ouvrir les réseaux sur les pays tiers et le voisinage de l'Europe.

Je compte que la consultation publique en cours soit suivie d'une réflexion approfondie sur ce que doit être la valeur ajoutée de la politique du réseau trans-européen, ce qu'elle doit réaliser, quand et avec quels moyens, afin que tous les Etats Membres y adhérent et répondent à des objectifs clairs, communs et concrets. J'ai demandé à ce que nous envisagions l'ensemble des solutions techniques, législatives ou financières afin de venir soutenir la mise en œuvre de cette politique et de doter l'Europe, ses citoyens et ses entreprises des infrastructures dont nous avons besoin.

Je vous l'ai dit, je veux aussi connecter l'Europe à ses voisins et ici à Barcelone, je ne peux m'empêcher de penser à l'Union pour la Méditerranée ainsi qu'à l'Union africaine, à ce que j'appelle une politique euro-africaine des transports. Ces derniers mois j'ai beaucoup investi de mon temps et de mon énergie afin de rassembler et de convaincre de l'utilité réciproque que nous avions à partager nos connaissances et à aider au développement autonome du bassin méditerranéen et du continent africain.

Je crois au développement des réseaux trans-africains et à l'interconnexion avec le RTE-T, je crois aux jumelages avec des entreprises européennes, je crois à la dissémination de l'acquis communautaire. Je suis convaincu des bénéfices qu'une telle ambition va apporter des deux côtés de la Méditerranée. J'attends avec impatience la réalisation du secrétariat général pour la Méditerranée - et je sais qu'ici dans la cité catalane on l'attend également avec beaucoup impatience. J'attends avec énormément d'envie la réalisation des premiers projets et l'effet d'entraînement qu'ils vont concrétiser. J'attends avec beaucoup d'espoir d'assister au renforcement des échanges entre l'Europe, la Méditerranée jusqu'au cœur de l'Afrique. C'est une opportunité historique et nous nous devons de la saisir, car une mobilité durable, des villes durables, mesdames et messieurs, mes chers amis, ce sont des problématiques planétaires au-delà d'enjeux simplement européens ou locaux.

Dans le domaine de l'amélioration des systèmes de transport urbain, lors de ma récente participation au Sommet des Chefs d' Etats et de Gouvernements de l'Union Africaine, j'ai aussi lancé l'idée d'étudier comme le programme européen CIVITAS pourrait ainsi servir de cadre à des échanges de bonnes pratiques et à des jumelages entre villes européennes et africaines.

Le financement de la mobilité

Bien sûr je n'oublie pas le coût de la mobilité. Le Président Maystadt nous a clairement ramené aux dures réalités économiques et le constat est sans appel : puisque j'évoquais le Réseau transeuropéen de transport, il faut savoir que le coût total pour la construction du RTE-T à l'horizon 2020 est estimé et 900 milliards d'euros et en agrégeant toutes les sources connues de financement il existe tout de même un manque de 50 milliards d'euros.

Lundi et mardi de cette semaine, j'ai convoqué à Bruxelles une conférence avec toutes les parties prenantes pour regarder à l'avenir de la politique des transports. De façon unanime, j'ai reçu la requête de regarder comment améliorer l'utilisation de l'infrastructure existante et comment financer des nouvelles infrastructures. Ce pour ce la que dans la prochaine Communication sur le future de la politique de transport, que la Commission adoptera en juin, la question du financement sera un des points clefs, qui sera mis au centre du débat.

C'est pourquoi j'ai demandé à ce que mes services travaillent en étroite collaboration avec ceux de la BEI afin d'étudier les formes innovantes de financement de projet. Je retiens notamment du Plan européen pour la relance économique une idée que j'ai toujours soutenue, à savoir qu'une plus grande participation du secteur privé dans la réalisation des grands projets est une solution que nous n'avons pas encore suffisamment exploitée. Malgré les outils que nous avons mis en œuvre comme l'instrument de garantie de prêt pour les projets du RTE-T (LGTT) ou la création du Centre Européen d'Excellence sur les PPP (EPEC), je reste persuadé que nous pouvons encore faire davantage afin de faciliter l'échange d'expertise entre pouvoirs publics et entreprises ainsi que pour l'apport de capitaux de privés. Compte tenu des contraintes budgétaires mais aussi de l'impérieuse nécessité d'avancer vite et bien dans la construction des réseaux, les PPP représentent une voie, si ce n'est systématique – car il faut garder à l'esprit les limites d'un tel schéma – tout du moins une approche à solliciter et à encourager plus vigoureusement auprès des maîtres d'ouvrages.

Je suis également attentivement les développements autour des concepts d'émissions d'obligations ou des garanties bancaires car les promoteurs de projets attendent de notre part des réponses rapides et concrètes aux défaillances actuelles du marché. J'encourage et je félicite tout autant les initiatives visant à soutenir nos industries comme dans le cadre de notre action pour les 'véhicules verts' où la BEI a montré qu'elle pouvait jouer un rôle important pour le développement, le financement et la mise en œuvre de nouvelles technologies. Nous discutons en ce moment même de la création d'une nouvelle facilité de financement pour soutenir l'achat de bus propres, et j'aimerais, cher Président, que nous arrivions à rendre cette facilité opérationnelle le plus vite possible.

Enfin, et j'en terminerai là, permettez moi d'insister une dernière fois sur l'importance d'une meilleure utilisation de l'infrastructure, d'un rééquilibrage des modes. Je pense que l'optimisation de l'existant que ce soit en matière financière, technique ou opérationnelle est un facteur de succès immédiats et à des coûts maîtrisés.

Monsieur le Président de la Catalogne

Monsieur le Président Maystadt,

Autorités,

Mesdames, Messieurs,

Mes chers amis,

j'ai déjà pris beaucoup de votre temps afin de vous exposer mes ambitions pour une mobilité durable dans un contexte économique particulier. Je suis convaincu que la construction d'une politique de transport plus pragmatique, tournée davantage vers les utilisateurs et imprégnée des enjeux climatiques est la base de nos réussites à venir. Je reste persuadé que la crise économique actuelle demeure une opportunité de remettre à plat nos conceptions et de poser avec plus d'acuité les bonnes questions en matière de transports.

Je vous souhaite à toutes et à tous un excellent forum.